Théologie de l'icône

Nous voulons ici centrer notre propos sur l'icône car, si Jésus est notre médiateur, c'est, selon l'adage patristique, par la matière qu'il nous sauve. << C’est par la matière que Dieu nous a sauvés. >> dit Saint Jean Damascène, et encore: << J'ai vu l'image humaine de Dieu et mon âme est sauvée. >>

__== Saint Thédore le Stoudion, dans ses dialogues contre les iconoclastes: <<L'homme lui-même fut créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Il y a donc quelque chose de divin dans l'art de faire des images. >>

__== En réponse aux bien zélés qui trouvent très original d'appeler l'icône une idole, Saint Jean Damascène explique: << Il n’y a pour nous point de chute à faire l’image du Dieu qui s’est incarné, s’est montré dans la chair sur la terre, s’est mêlé aux hommes dans son ineffable bonté et assumé de la chair la nature, la densité, la forme et les couleurs. Éloigne-toi, diable jaloux. Tu es jaloux de ce que nous voyions la ressemblance de notre Maître et qu’elle nous sanctifie. >> et encore: << Avec son corps, l’homme habitait une contrée divine et de la plus extraordinaire beauté, demeurant en Dieu qui demeurait en lui et lui faisait un vêtement splendide. >>

__== Saint Grégoire Palamas, à son tour: << La lumière de la transfiguration du Seigneur ne commence ni ne disparaît, elle n’est pas non plus circonscrite ni ne tombe sous la prise des sens, même si elle a été vue par des yeux corporels, pour peu de temps et sur le sommet exigu de la montagne. >> Puisque, selon l'adage patristique, <<plus l'on se rapproche de son prochain, plus l'on se rapproche de Dieu, et réciproquement, >> comment rejeter cette proximité extraordinaire qu'est l'icône ? <<Celui qui est uni à Dieu aime inévitablement et par un effet pour ainsi dire tout naturel son prochain, parce que ce dernier est l’image de Dieu.>> (Saint Jean de Cronstadt). À l'image de Dieu et, lorsqu'il a atteint la ressemblance (la distinction d'image et de ressemblance est due à Saint Basile) alors nous avons l'icône. Hélas, en 2023, nous avons toujours à lutter contre les mêmes accusations; nos adversaires ne nous lisent pas: ils se contentent de resservir les mêmes attaques comme si elles étaient nouvelles.

__==— La théologie de l'icône est donc théologie de la matière (quelle autre théologie pour l'homme ? tout le reste nous est inaccessible: s'il y a théologie, c'est qu'il y a parole; et qui parle, et à qui parle t-on, sinon l'homme et à l'homme - Parole de Dieu, Décalogue, Verbe incarné - Jésus né dans une mangeoire). La théologie de l'icône, pourrait-on dire rigoureusement, même sans prendre le sens d'icône au sens large, c'est toute la théologie possible. Nous pensons que le coeur du New Age est le fantasme (les "états de conscience modifiés" des religions primitives et orientales, qu'on retrouve aujourd'hui dans l'éloge du rêve), et que l'islam partage avec le New Age d'être fondé sur le fantasme, en l'occurence, sur les rêveries de Mahomet. Nous savons bien, chrétiens, que le démon aime à s'infiltrer dans les rêves. Nous savons, comme tout psychologue, aussi que la pornographie repose sur le fantasme, et que c'est dans les pratiques orientales, énergétiques, occultistes, que les chakras s'épanouissent et que la pornographie bat son plein.

L'icône est un rappel au réel. C'est pour cela qu'elle purifie l'oeil. L'icône milite pour la clarté d'esprit, nous détourne du rêve et du fantasme.

--------------- Bien que nous soyons fatigués de le répéter sans arrêt, rappelons, après mille cinq cent ans d'accusation d'idolâtrie, mais puisque nos ennemis iconoclastes, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, continuent à nous traiter d'idolâtres, que nous n'adorons pas les saints, encore moins les icônes qui les représentent (qui adorerait du bois ?), mais que nous adorons Celui qui est l'auteur de tout ce qui est bon, Celui par qui nous sommes sauvés, et que c'est à lui que revient l'honneur de la vénération (non de l'adoration) que nous portons aux saints.